vendredi, 11 juillet 2008
Payer son terme
Qui reconnait le générique dès les premières notes a gagné le droit de voir la suite : Lectures pour tous, de Pierre Dumayet, une émission culte et à présent préhistorique de l'ère de l'avant-Pivot. Dès la première question (« Monsieur Céline... »), le ton est donné. D'un Château l'autre, le Voyage au bout de la Nuit... La coupe de cheveux, le nez parfaitement droit de Céline, la toux de Pierre Dumayet recevant la fumée d'une cigarette hors-champ, la violence de Céline, « je sentais, dit-il, une guerre venir », l'apologue de la crevasse qui clôt l'entretien, tout cela durant ce document, cinq minutes de total dépaysement et, pour qui aime Céline, d'une drôle d'émotion...
02:00 Publié dans Des Auteurs | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : céline, littérature, pierre dumayet |
Commentaires
J'avais manqué cet article. Céline en interview c'est quelque chose. Je me permets de renvoyer à l'émission un siècle d'écrivains beaucoup plus longue :
http://leopoldrevista.canalblog.com/archives/2008/07/10/9884524.html
Il est très intelligent comme personnage. Il répond à la question vous avez peur de la mort et finit par dire "ca ferait bien si je me suicidais devant la caméra" ou quelque chose dans le genre. Céline c'est tout de même une énigme dans le 20ème siècle.
Écrit par : Léopold | mercredi, 17 septembre 2008
Bonjour Léopold. Je sais que dans votre bibliothèque figure en bonne place "le Voyage", dont vous avez cité plusieurs extrait. Dans la mienne, également. Une énigme dans le 20ème ? Certes. Mais quel auteur n'en est pas une? N'est-ce pas à cela qu'on reconnait "les grands" ? Je pense à Char, que vous affectionnez tout particulièrement : "Au centre de la poésie, un contradicteur t'attend. C'est ton souverain. Lutte loyalement avec lui"
Etre loyal avec Céline, je vous accorde que ce n'est pas très facile, au vu de l'homme qu'il fut par ailleurs. Si l'écriture est souveraine, la contradiction de cette voix romanesque nous est aussi nécessaire.
Merci pour le lien enrichissant que vous faites.
Bien à vous.
Écrit par : solko | mercredi, 17 septembre 2008
Oui merci de citer René Char. Il expliquait que pour créer il avait besoin d'amis (Camus fut le plus grand d'entre eux) et finalement son énigme tient à ce qu'il ait entretenu une telle fertilité (quand dans son oeuvre la stérélité comme chez Sade est présente) dans toutes les périodes.
Pour Céline son énigme est surtout dans son ambivalence. Char pouvait dire je n'aime pas machin (Cocteau, largement méprisé par exemple), il pouvait s'emporter (d'ailleurs Paul Veyne raconte là dessus un épisode mémorable). Céline avait dans son oeuvre tout pour être un parfait révolutionnaire, d'ailleurs Nizan tenait en haute estime le Voyage mais Trotsky dès le départ dit que Céline n'est pas un révolutionnaire, c'est une sorte de paysagiste qui montre le monde de manière frappante sans prôner la révolution.
Bref, tout cela pour dire que l'énigme célinienne est plutôt Objet Littéraire non Identifié. Un vrai bouleversement dans le 20ème siècle.
Merci encore!
PS : Je me suis permis de vous taguer via mon blog, vous y trouverez toutes les précisions. Je ne vous ménage pas aujourd'hui. :)
Écrit par : Léopold | mercredi, 17 septembre 2008
l'homme qu'à été Céline ? Un homme de son époque, je crois. Une époque qui fut riche en hommes. De lui je retiens tout pour ma part et le parcours et l'œuvre qui nous le signale comme le vivant au milieu des morts. "Je crois avoir toujours soigné avec beaucoup de douceur." . Merci docteur.
Écrit par : Lephauste | mardi, 28 octobre 2008
Et merci à vous, Lephauste, pour ces commentaires, ainsi que pour votre blog et votre écriture.
Écrit par : solko | mardi, 28 octobre 2008
Les commentaires sont fermés.